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Les terroirs de rive gauche de la Garonne vers 1850

Croquis extrait de l'atlas des Graves réalisés en 2002 par JC Hinnewinkel pour le CERVIN (voir sur ce blog l'article "Un atlas historique des Graves dans la catégorie "Vignes et vins en Sud-Gironde" (consultable à la bibliothèque SIRIONA)

Croquis extrait de l'atlas des Graves réalisés en 2002 par JC Hinnewinkel pour le CERVIN (voir sur ce blog l'article "Un atlas historique des Graves dans la catégorie "Vignes et vins en Sud-Gironde" (consultable à la bibliothèque SIRIONA)

Sur les terrasses graveleuses de rive gauche de la Garonne, de Castets en Dorthe au sein de l'agglomération bordelaise, se développe un ensemble de terroirs viticoles longtemps dénommés « Graves ». Aujourd’hui ce territoire est scindé en deux entités, le Sauternais et les Graves proprement dites. Ces dernières, depuis 1987, sont, à leur tour, divisées entre les Graves au sud et Pessac-Léognan au nord.

La photographie de l’état du vignoble de cette région vers 1850 est concrétisée par un croquis géographique (voir ci-dessus) dont la base théorique est un outil d'analyse, le « noyau d’élite », lequel correspond aux lieux « les plus favorisés pour l’élaboration de la qualité…, les centres stables…, là où l’on recueille les éléments de la tradition vitivinicole… ». (voir ci-dessous le document joint)

Pour réaliser ce document, les cadastres napoléoniens du milieu du 19e siècle permettent de reconstituer l’occupation du sol dans la région des Graves à cette époque avec une assez grande précision. Les seules limites de l’analyse tiennent à l’impossibilité, compte tenu des informations qui ne sont pas homogènes d’une commune à l’autre pour l’ensemble de l’espace étudié, de toujours distinguer sur les cartes, joualles et vignes en plein. Nous avons donc choisi de les regrouper.

La région viticole des Graves présente alors des visages variés comme le souligne la carte ci-dessous :

Aux portes de Bordeaux, de Mérignac à Martillac de vastes secteurs de monoculture sont plus ou moins enserrés dans la forêt landaise toujours proche. Comme en Médoc, de grands domaines viticoles avec leur réserve de bois et de landes incultes rappellent l’emprise de la bourgeoise bordelaise. Leurs grandes parcelles sont juxtaposées aux lopins souvent minuscules de centaines de petits viticulteurs, composant un maillage dense.

En Sauternais, pays qui s’affirme dès la commune de Cérons, la vigne montre des plates-bandes de deux rangs aux ceps bas au moins dans les grandes parcelles des domaines de l’aristocratie, nombreux à Sauternes, Bommes ou Fargues, un peu moins à Preignac, Cérons ou Barsac.  La très forte place de la vigne dans le cœur du Sauternais avec Barsac, Preignac et Sauternes est manifeste

Entre les deux, les Graves centrales montrent un paysage assez différent. La tenue même des vignes, qui pourtant sont l’élément essentiel du terroir, apparaît moins soignée et plus hétérogène ; si quelques parcelles montrent ça et là la belle régularité des pièces du nord des Graves ou du Sauternais, il semble que la mise en valeur la plus fréquente est constitué par les joualles. Mais les moyennes terrasses proches de la Garonne y offrent une belle concentration de vignobles en plein tout comme en Langonnais.

Au-delà de Langon, c’est le Bazadais, pays de polyculture par excellence. La vigne cède la prééminence aux labours et aux prairies qui composent souvent avec des joualles.

Le long de la Garonne, en contrebas des Graves, les palus forment un long ruban de prospérité, constituant une des meilleures zones agricoles du département ; la vigne domine souvent là aussi, en particulier sur le bourrelet alluvial insubmersible que jalonne toute une série d’habitations. Les palus d’Isle-Saint-Georges et de Portets sont très viticoles alors que, plus en amont, ils le sont beaucoup moins.

Au total, l’examen des données cadastrales permet de souligner l’existence au milieu du 19ème siècle de deux « noyaux viticoles », les Graves septentrionales  aux portes de Bordeaux et les Graves méridionales correspondant au Sauternais. Pour les relier, un « entre-deux » linéaire et étroit est confiné sur les moyennes terrasses de la Garonne par la proximité de la forêt landaise, la haute terrasse étant largement recouverte par les sables du système dunaire. Autour de ces espaces, des périphéries à valeur viticole décroissante au profit d’une sylviculture du pin assez prospère dans la partie centrale et de la polyculture en Bazadais complètent la géographie de la région des Graves au milieu du 19ème siècle.

Alors que la région des Graves offre une palette de sols viticoles qui incontestablement appartiennent à la même famille de terrasses graveleuses garonnaises, la mise en valeur y apparaît assez contrastée et compose une « géographie viticole différenciée » avec deux noyaux d’élites, un « entre-deux » et des périphéries, soit des terroirs viticoles bien distincts.

Pour en savoir plus sur l’outil d'analyse des vignobles qu'est le noyau d'élite, voir le fichier joint ci-dessous. On peut aussi venir consulter "Georges Kuhnholtz-Lordat, La genèse des appellations d’origine des vins, Chaintré, Avenir œnologique, 1991, réédition de l’édition de 1960  à la bibliothèque SIRIONA à Podensac.

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