Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Relire le terroir de Baurech (Cadillac-Côtes de Bordeaux)

Pour cette relecture du terroir de Baurech, en appellation Cadillac-Côtes de Bordeaux, Siriona vous propose de découvrir le mémoire de maitrise rédigé en 1994 par Isabelle Vigneau, alors étudiante à l'UFR de de Géographie de l'Université Michel de Montaigne -Bordeaux3 sous la direction de Philippe Roudié.

Dans celui-ci c'est l'histoire de ce terroir viticole des coteaux qui bordent la rive droite de la Garonne au sud de Bordeaux que concrétisent deux cartes réalisées à partir des données cadastrales dont celles du cadastre "napoléoniens" pour l'année 1830.

Relire le terroir de Baurech (Cadillac-Côtes de Bordeaux)
Relire le terroir de Baurech (Cadillac-Côtes de Bordeaux)

Laissons nous guider par l'auteur :

"Sur la rive droite de la Garonne, à vingt-quatre kilomètres au sud-est de Bordeaux, la commune de Baurech s’étend sur 768 hectares, des rives du fleuve aux hauteurs du plateau de l’Entre-deux-Mers. S’y opposent ainsi une vaste plaine alluviale occupant un lobe de méandre de la Garonne et un paysage de plateau doucement vallonné, que sépare un vigoureux coteau.
L’appartenance de la commune aux coteaux de rive droite de la Garonne explique en grande partie son histoire viticole ancienne. Mais sa position en limite de l’agglomération bordelaise est indiscutablement le facteur déterminant de l’évolution récente.
L’origine de la viticulture en Premières Côtes de Bordeaux reste relativement floue. Il est néanmoins certain que les premières plantations sont très anciennes, datant probablement de l’époque antique. Elles se sont développées très rapidement pour coloniser l’axe garonnais. Ainsi, aux XIe et XIIe siècles, la bordure du plateau de l’Entre-deux-Mers est déjà entièrement occupée par la vigne, de Cenon à Saint-Macaire. La région des Premières Côtes apparaît donc comme pionnière en matière viticole.
1- 1830-1906 : DE LA PROSPÉRITÉ AUX MALADIES...
1.1- L’affirmation du vignoble
La carte de l’occupation du sol établie pour 1830 (cf. fig. 1) nous permet de constater l’étendue de la vigne sur la commune.
Elle couvre alors 281,5 hectares, soit 36,6 % de la surface communale. Mais ce pourcentage, bien que relativement important, ne reflète en rien la répartition bien particulière du vignoble baurechais. Si le plateau est entièrement colonisé (les trois-quarts des terres sont plantées en vigne), à l’exception des fonds de vallons et de la lande communale au nord-est, la vigne est pratiquement absente de la plaine alluviale. Cette terre extrêmement fertile porte surtout des labours et des prairies et seules quelques parcelles y apparaissent. Situées près du coteau, elles se rattachent à l’ensemble viticole du plateau. Cette répartition reste atypique car, à l’époque, le vignoble de palus est particulièrement développé le long de l’axe garonnais. Signalons d’autre part, que les joualles sont peu nombreuses : elles ne concerne que 25,5 hectares et se trouvent confinées sur les limites ouest (les Augustins), nord (Lyde) et est (Constantin) de la commune. La faiblesse de ce type d’occupation du sol traduit la volonté de faire de la viticulture une activité à part entière. La viticulture est alors facilitée par l’abondance d’oseraies, de saulaies, d’aubarèdes et de châtaigneraies dont les bois sont utilisés comme échalas ou lien pour les ceps.
En 1874, soit quarante-quatre ans plus tard, les surfaces atteignent 340 hectares. Ayant colonisé la lande ainsi qu’une partie de la plaine, la viticulture concerne désormais 44,2 % du territoire baurechais. Pourtant, à l’image de l’ensemble du Bordelais, la commune a été touchée par l’oïdium vers 1853-1854. Bien que ne possédant pas de renseignement sur cette première crise dans la commune, nous pouvons supposer que les dégâts ont été importants. Heureusement, l’utilisation du soufre permet de faire reculer le mal dès 1856.
Une fois conjuré le péril de l’oïdium, le vignoble entre dans une ère de prospérité. Les conditions économiques sont alors excellentes et les innovations techniques se multiplient : amélioration des fumures, perfectionnement des procédés de taille, lutte contre les ennemis de la vigne... Aussi, les vins de Baurech s’affirment et deviennent particulièrement recherchés par les Allemands et les Russes. A la fin du XIXe siècle, la production s’élève à 9 855 hectolitres pour les rouges et 2 250 hectolitres pour les blancs, le total atteignant 12 105 hectolitres. Les rendements sont de 35,6 hectolitres par hectares ce qui est relativement élevé. Les vins rouges sont produits à base de Malbec, cépage prédominant puisqu’il constitue 90 % des plants, de Merlot, Verdot et Cabernet et se vendent entre 250 et 400 francs le tonneau. Les vins blancs sont alors mieux côtés que les rouges, leur prix variant entre 400 et 700 francs le tonneau. Ils sont issus de différents cépages : le Sémillon représente quatre huitièmes des plants, le Chalosse et la Muscadelle, deux huitièmes, le Sauvignon, un huitième, de même que l’Enrageat. Ces vins sont considérés comme les meilleurs blancs de la rive droite et sont produits en côtes uniquement.
Baurech compte alors quelques 65 propriétaires dont la moitié produit moins de 10 tonneaux (90 hectolitres). Onze "châteaux" sont cités : ce sont Bonneau, Puyguéraud, Nénine, Lacaussade, Lyde, Laroche, Desbarrats, Dudon, Nort, Pressac et Gaussens. Parmi eux, trois domaines produisent plus de cent tonneaux : il s’agit de Château Gaussens appartenant à Monsieur Lambert des Granges avec 150 tonneaux tout en rouge, Château Dudon propriété de Monsieur Marquet avec 140 tonneaux et de Château Nort propriété de Monsieur Dumézil avec 102 tonneaux. A eux trois, ces domaines totalisent 29 % de la production communale. Derrière eux, deux propriétés dépassent 50 hectolitres : 8 se situent entre 30 et 40 hectolitres et 20, soit la majorité, entre 10 et 30.
Jusque dans les années 1870-1875, le vignoble baurechais prospère, à l’image de celui du département. Les conditions économiques favorables de l’époque, sont à l’origine d’une telle ascension. Les voies de communication se sont développées, permettant d’acheminer les vins vers Bordeaux et les grands centres de négoce. La voie fluviale, alors très empruntée, a permis de développer le port communal. En 18643, le trafic bat son plein avec le départ de mille tonneaux de vin. Outre la production viticole villageoise, ce petit port draine également une partie de celle de l’arrière-pays. Les vins se vendent bien et les débouchés se sont diversifiés depuis l’établissement des accords de libre-échange. Pourtant, la récession guette le vignoble...
1.2- Crise phylloxérique et autres maladies
- le phylloxéra
Les renseignements recueillis ne nous permettent pas de fixer la date d’invasion avec exactitude, mais le phylloxéra a dû gagner Baurech entre 1874 et 1877. Cet insecte s’attaque à la partie souterraine du plant, détruit les racines et provoque la mort du cep. Contrairement à l’oïdium rapidement éradiqué, ce nouveau fléau est beaucoup plus résistant.
Dans un premier temps, l’arrachage des ceps irrécupérables est la seule solution pour vaincre l’insecte. Ainsi, de 1874 à 1892, ce sont 28 hectares qui disparaissent des surfaces viticoles de la commune. Il semble que les exploitants, désarmés face au mal, optent pour d’autres sources de revenu que la seule viticulture car si les surfaces en vigne diminuent, les joualles s’étendent. Ce mode de culture couvre alors 54 hectares contre 25,7 seulement en 1830 et représente 17 % des espaces viticoles. Ces années de crise marquent l’apogée des joualles à Baurech.
C'est vers 1876 que de réels moyens de lutte apparaissent, le traitement au sulfure de carbone donne d’assez bons résultats. Cette solution a l’avantage d’être moins coûteuse et plus facile d’utilisation que l’aspersion au sulfo-carbonate de potassium également testée. En 1898, 100 hectares4 de vigne sur 203 au total bénéficient de traitement au sulfure de carbone. La zone concernée est entièrement située sur le plateau où l’insecte avait infesté les terrains calcaires. Pour le vignoble de palus, un autre procédé delutte est utilisé : il s’agit de la submersion. Le phylloxéra ne résistant pas à l’eau, cette méthode s’est révélée très efficace et a permis de sauver l’essentiel des plants. Ce sont 213 hectares qui sont immergés à Baurech en 1897 et 103 en 1898.
Dans un second temps, le vignoble se reconstitue grâce au remplacement des plants. Les baurechais replantent de nouveaux ceps. Après quelques essais infructueux avec des cépages français, les viticulteurs optent pour des cépages américains, beaucoup plus résistants. Ceux-ci sont d’abord utilisés comme producteurs directs mais la qualité des vins étant moins bonne, des porte-greffes les remplacent peu de temps après. Le tableau 1 illustre cette évolution.
C’est donc à un rythme effréné que les replantations s’effectuent. Les aides financières sont largement responsables de la rapidité de cette évolution. Ainsi, en 1906, l’ensemble du vignoble baurechais est constitué de plants greffés et se trouve donc hors d’atteinte du phylloxéra. Pourtant, d’autres maladies plus ou moins difficiles à combattre vont atteindre les espaces viticoles et prolonger ces temps de crise.
- D’autres maladies de la vigne
Vers 1880, un nouveau parasite fait son apparition sur la commune. Il s’agit du mildiou, champignon introduit en France par l’intermédiaire des plants américains, qui s’attaquent aux feuilles et fruits de la vigne. Malgré un traitement efficace et rapidement trouvé dès 1886 (utilisation de la "bouillie bordelaise", mélange de chaux et de sulfate de cuivre), le mildiou cause de nombreux dégâts à Baurech.
D’autres maladies sont également responsables de la diminution des récoltes. Signalé sur la commune en 1904, le black-rot s’attaque, comme le mildiou, aux parties vertes de la plante. Enfin, la prolifération d’insectes comme la cochyllis ou l’eudémis n’arrange rien à la situation. L’utilisation systématique de divers traitements permet de lutter contre ces maux naturels et d’éviter la propagation des dégâts. Comparées à d’autres communes, les conséquences directes de ces attaques répétées restent modestes à Baurech."

Pour lire la suite ouvrir le fichier ci-dessous :

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article