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Marc Ducau , "passeur de mémoire" du vignoble de Loupiac (Gironde)

La famille de Marc Ducau.

La famille de Marc Ducau.

Marc Ducau (1925-2018) avait accepté de nous recevoir en 2016. Nous l'avions enregistré  au château Loupiac-Gaudiet à Loupiac pour nous conter son parcours de vigneron dans cette appellation de vins blancs liquoreux. Nous lui laissons la parole.

Marc Ducau (1925-2018). Nous l'avions enregistré en 2016 au château Loupiac-Gaudiet à Loupiac. Nous lui laissons la parole.

"Mon grand-père Marcel Ducau avait déjà la propriété du château Pontac qui à l’origine  faisait partie du château Loupiac-Gaudiet. Les deux avaient été  séparées et mon arrière-grand-père Camille Ducau a acheté le château Pontac où habitèrent mes grands-parents. Quand mon père est revenu de la guerre de 14-18, en 1919, mes parents ont achetés Loupiac-Gaudiet à Mme Dezeimeiris, qui était veuve. Cette propriété avait autrefois appartenue à un armateur de Bordeaux, Mr Belso qui au début du 19ième siècle avait fait construire le château. Ce monsieur possédait des gabarres qui remontaient la Garonne et venaient chercher le vin et sans doute autre chose. Mon père s’est marié en 1922 et est venu habiter ici où je suis né."

Le château Loupiac-Gaudiet à Loupiac (Gironde)

Le château Loupiac-Gaudiet à Loupiac (Gironde)

J’avais commencé mes études secondaires au lycée de Talence quand la guerre est arrivée. J’avais 16 ans, mon père a été remobilisé et ma mère se retrouvait seule à la veille des vendanges, le 3 septembre 1939. Le suis d’abord resté pour faire les vendanges, puis finalement je ne suis pas reparti. Donc j’ai commencé à travailler avec des chevaux. Les labours se faisaient à la charrue tirée par un cheval. A la veille des vendanges ont nous avaient réquisitionné les 4 chevaux qui nous possédions et nous nous sommes retrouvés sans attelage.  Heureusement le voisin avait pu conserver un cheval parce qu’il était borgne. Donc on mettait le raisin dans des comportes et le soir quand il avait fini sa récolte, il venait ramasser nos comportes pour les amener au château. Voilà les conditions de mes débuts, avec un homme qui avait plus de 70 ans et moi qui en avait 15.

Le château a été « occupé » sans arrêt par les Allemands qui avaient réquisitionné un pavillon et nous avons tenus le coup jusqu’à la libération. On avait récupéré deux ou trois chevaux de réforme et on a ainsi pu travailler comme avant la guerre. A ce moment-là les traitements se faisaient à dos d’hommes puis avec des « tractions » tirées par un cheval. J’en ai encore par là. On traitait alors tous les 8 jours sans interruption. On utilisait un peu les avertissements de la Grande Ferrade mais comme à l’époque on n’avait pas de produits systémiques mais seulement la bouillie bordelaise et la chaux, on décidait de traiter préventivement et régulièrement. Et puis la bouillie bordelaise, après 48 h de pluie intense, il ne restait pas grand-chose. A partir des années 60 on recevait les conseils des techniciens du syndicat. Certaines années étaient très difficiles à maitriser. Ainsi en 1963 avec le black-rot…

Depuis, à partir de 1948, grâce aux Démonstrations de moto viticulture organisées sous l’impulsion de Mr Joseph David, président des jeunes agriculteurs du canton, nous avons découvert et adopté les pulvérisateurs mécaniques qui précédèrent les atomiseurs. La première démonstration a eu lieu ici à Loupiac avec un tracteur Fergusson à relevage qui appartenait à un viticulteur car les fabricants ne se déplaçaient pas. C’est nous qui fournissions le matériel. Il y avait aussi un tracteur à chenille, un Caterpillar, prévus pour les défonçages. On l’a fait défoncer dans la côte du Cros pour le mettre à l’épreuve et là on s’est aperçu que cela fonctionnait. Avant cela les défonçages se faisaient à la main. C’étaient des équipes d’Espagnols qui venaient à sept ou huit avec des bécarres. Ils faisaient une découverte puis reprenaient le fond pour le mettre dessus. La dernière parcelle qui a été faite ainsi est encore plantée ..."

 

Les anciens des « démonstrations » (Marc Ducau est à droite) lors de la préparation de la rétrospective organisée à Donzac en 2011

(Entretien réalisé par JP Goutouly et JC Hinnewinkel  le 2 juin 2016 au château soit deux ans avant sa disparition)

Pour lire la suite de l'entretien avec Marc Ducau, voir ci-dessous

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