Lettres d'une tondue
(Extraits)
Les extraits de lettres ci-joints ont été rédigés par ma tante Eliette Brun dite Lily, accusée de « collaboration horizontale », de même que deux autres macariennes : elles ont subi l'infamie en août 1944 à la Libération, au centre de la ville de Saint-Macaire.
Lily a deux sœurs plus jeunes, Thérèse et Madeleine dite « Bébé » qui, la plus jeune est ma mère.
Leur père, patron tonnelier, est décédé jeune en 1938 : la famille a été suivie alors par le frère de Blanche Teynie épouse Brun leur mère, à savoir Jean Teynié, pharmacien rue Fondaudège à Bordeaux.
Pendant la guerre, la maison familiale à Saint-Macaire logeait des SS « Totemkopf » jusqu’en 1942.
Les trois sœurs ont vécu en direct la détresse de leur mère devant l’évènement d’août 1944, elles ont attribué à cet épisode la responsabilité de son cancer qui a suscité en 1945 l’ablation d’un sein.
Il s’agit d’une famille catholique et les trois sœurs ont été scolarisées dans l’école du Sacré cœur, établissement privé pour jeunes filles (aujourd’hui résidence HLM du Mercadiou). Elles ont été structurées dans leurs loisirs par l’association des « Enfants de Marie » siégeant au prieuré.
Sa tante Madeleine, religieuse des « Filles de la Charité» exerçant en milieu hospitalier, lui a permis de s'externaliser de St Macaire en direction de « pouponnières» recueillant les orphelins de la guerre destinés à être adoptés. Ensuite en poste à l'hôpital de Clermont-Ferrand, elle y rencontre son futur mari, rapatrié d'ODESSA. Il a perdu sa mère allemande dans les combats de STETTIN.
Cependant, elle restera désormais en retrait de la vie publique macarienne, réservant à Langon ses seules sorties.
Jean-Marie Billa
Lettres d'une tondue
(Extraits)
Pour se faire une idée, il peut être pertinent d'écouter la chanson de Georges Brassens: « La tondue ».
https://www.youtube.com/watch?v=mMh4Wi4VziI
ou à défaut en relire le poème :
La belle qui couchait avec le roi de Prusse
Avec le roi de Prusse
À qui l'on a tondu le crâne rasibus
Le crâne rasibus
Son penchant prononcé pour les "ich liebe dich"
Pour les "ich liebe dich"
Lui valut de porter quelques cheveux postiches
Quelques cheveux postiches
Les braves sans-culottes et les bonnets phrygiens
Et les bonnets phrygiens
Ont livré sa crinière à un tondeur de chiens
À un tondeur de chiens
J'aurais dû prendre un peu parti pour sa toison
Parti pour sa toison
J'aurais dû dire un mot pour sauver son chignon
Pour sauver son chignon
Mais je n'ai pas bougé du fond de ma torpeur
Du fond de ma torpeur
Les coupeurs de cheveux en quatre m'ont fait peur
En quatre m'ont fait peur
Quand, pire qu'une brosse, elle eut été tondue
Elle eut été tondue
J'ai dit "c'est malheureux, ces accroche-cœur perdus
Ces accroche-cœur perdus"
Et, ramassant l'un d'eux qui traînait dans l'ornière
Qui traînait dans l'ornière
Je l'ai, comme une fleur, mis à ma boutonnière
Mis à ma boutonnière
En me voyant partir arborant mon toupet
Arborant mon toupet
Tous ces coupeurs de nattes m'ont pris pour un suspect
M'ont pris pour un suspect
Comme de la patrie je ne mérite guère
Je ne mérite guère
J'ai pas la croix d'honneur, j'ai pas la croix de guerre
J'ai pas la croix de guerre
Et je n'en souffre pas avec trop de rigueur
Avec trop de rigueur
J'ai ma rosette à moi, c'est un accroche-cœur
C'est un accroche-cœur
Source : Musixmatch
Paroliers : Georges Charles Brassens
Paroles de La Tondue © Ed. Musicales 57
Jean-Marie Billa